Le village de Crespières en 1750

Louis XV est encore régnant et dans moins de quarante années, la Révolution va éclater.
Vieux village tiré du mot latin CRISPUS qui peut signifier ondulé ou vallonné, CRESPIERES a passé son deuxième millénaire. Erigé en paroisse en 918, sa première église fut construite en 950.
L’actuel bâtiment – très heureusement récemment restauré - semble avoir été édifié vers 1150.
Penchons nous aujourd’hui vers cette période pré-révolutionnaire du milieu du 18è siècle.

A cette époque CRESPIERES dispose d’une population estimée à 500-550 habitants.

Il est dirigé par un Syndic perpétuel et un petit conseil composé de 4 à 5 membres qui s’occupe exclusivement des affaires civiles. Il y aussi un conseil de fabrique qui gère les biens de l’église qui possède quelques arpents de terre.

CRESPIERES possède déjà une école crée en 1578 par un prêtre, l’abbé BOULARD, alors que les communes voisines de DAVRON et FEUCHEROLLES devront attendre les premières années de la Révolution pour disposer d’un instituteur. Aussi, CRESPIERES n’est pas un pays d’illettrés bien que le nombre de ses habitants sachant lire et écrire reste relativement restreint. Comme tous les villages de France, l’agriculture est l’activité principale.

L’implantation des constructions, en 1750, était sensiblement celle de 1950. Le village a donc connu une stabilité remarquable à travers le temps et malgré les événements qui sont apparus pendant les deux siècles derniers.


COMPOSITION DU VILLAGE EN 1750

A ce jour, on a perdu la notion des quartiers si bien définie en 1750. Seules les rue ont conservé, à quelques exceptions près, les nom anciens qui donnent à notre commune le charme du passé. Il y avait à CRESPIERES dix quartiers :
LA COSTE, comprenant les deux côtés du chemin de la Côte entre les Moulins et le Ru qui sort de la propriété des Marais.
LE CARROUGE (dont une petite ruelle porte encore le nom), compris entre la rue de Paris (ancien Chemin Royal) et la rue de Neauphle (ancienne Rue Basse), avec les rues de l’Enfert et du Paradis, limité à l’est par le Ru précité.
Le quartier du CIMETIERE (le grand cimetière, aujourd'hui disparu, s’étendait sur la rue de Paris face à la rue de la SANSONNERIE), jusqu’à la rue du Chêne, presque à l’angle de la rue de l’Abreuvoir, près de la propriété de M. CARADEC.
LE BOUT AUX AUGERS, compris entre la rue de l’Abreuvoir et la rue du Chêne.
LE BOUT DE LA VILLE ou DES AUGERS : extrémité du village. Situé face au grand cimetière dans la rue du Poteau Logé.
LA NEUVILLE. Tout petit quartier coincé entre LE BOUT DE LA VILLE et la Ferme Saint-Benoist avec la façade sur la rue du Poteau Logé.
SAINT-MATHURIN donnant sur la rue de Montcel, entre la Ferme Saint-Benoist et l’extrémité nord-ouest du village comprenant notamment l’ancien abreuvoir du Grand Trou.
LE PIEGE, axé autour de la rue de la Filasserie (appelée improprement rue Filassière par le cadastre).
LA CHRETIENNERIE, faisant suite au PIEGE et comprenant entre autres, les constructions des rues de la Sansonnerie et de la Vauverderie.
Le quartier de l’HOTEL DE LA MOTTE, faisant suite au quartier de la CHRETIENNERIE et s’étendant jusqu’à la rue de Paris (ancien Chemin Royal) comprenant ainsi la rue Saint-Martin, l’actuelle mairie, les écoles, l’église et l’ancien cimetiére (actuelle petite place face à la mairie).

On notait également à CRESPIERES deux importantes exploitations agricole :
la Ferme de la RECETTE (ancien grand hôtel seigneurial de CRESPIERES),
la Ferme SAINT-BENOIST, installée sur l’ancienne Abbaye Bénédictine de femmes.

Enfin deux importantes propriétés privées :
le grand château dit fief de SAUTOUR, les MARAIS, ancienne propriété de la famille BRICONNET dont les ancêtres eurent des charges importantes sous les rois Louis XII, Charles VIII et François I er, enfin , le fief de l’AULNAY- EN-FAUCILLE que la famille BRICONNET céda aux BUILLON, de Wideville, au milieu du 17è siècle.
Ces mêmes BRICONNET étant seigneurs de Feucherolles.
N’oublions pas le château de WIDEVILLE, remarquable monument construit en 1630 par Claude de BULLION, Surintendant des Finances du roi Louis XIII.
Un mot seulement sur le nom d’une rue, bien déformé au cours des temps : la rue du Poteau Logé, appelée par déformation rue du Poteau Logis ou Pot au Logis. L’explication est simple : à l’extrémité de cette rue se trouvait " Le Poteau " de sinistre mémoire, lieu où l’on attachait les condamnés. De plus, " Le Poteau " se trouvait face à la ferme exploitée par un certain Martin AUGER.
La déformation populaire a fait le reste, le poteau a disparu et AUGER est mort depuis longtemps !


LA VIE ET LES PETITS METIERS DE CRESPIERES EN 1750

Si l’agriculture tenait une place prépondérante , le village vivait cependant dans un système autarcique dû à l’absence de moyens de communications. Vingt-quatre vignerons cultivaient plus de dix hectares de vignobles et la culture du chanvre était, elle aussi, très importante. On comptait aussi de nombreux artisans : un boulanger, un bourrelier, deux charrons, un charpentier, quatre couvreurs en chaume, un cordonnier, un cultivateur garennier, deux jardiniers, deux maçons, plus un maçon limousin, un maçon en plâtre, deux marchands bouchers, un cabaretier, un épicier, au chauffournier (fabricant de chaux), un maréchal de forge, deux maréchaux ferrants, deux menuisiers, trois pasteurs de bestes à laine, un scellier, trois tailleurs d’habits, un tixier en toile, deux tisserands, deux tonneliers, un maistre serrurier, un garde des plaisirs du Roy, dix laboureurs et seize journaliers. Plus de soixante personnes étrangères à la paroisse possédaient des terres ou des maisons sur CRESPIERES. Pour la petite histoire, citons-en quelques-unes : Dame Anne François LE JAY, dame de Boulémon, veuve de Messire Henry Jean-Baptiste PELLETIER, Seigneur de Longuemar. L’œuvre et Fabrique Saint-Martin de CRESPIERES possédait 15 arpents de terre (un arpent = 51a 07 ca). Pierre BOUHON, cavalier de la Mareschaussée du Prévost Général de l’Ile-de-France, demeurant à Mareil-sur-Mauldre. Demoiselle Genevièvre LEFEVRE, veuve du Sieur CHAVART, Maistre-Peintre à l’Académie de Saint-Luc, demeurant à Paris et à Mareil-sur-Mauldre.

Dame Charlotte LASCHEY , épouse du Sieur Jacques de RAVARY, demeurant rue des Fossés Saint-Bernard à Paris. Le Sieur Denis LA LETTRE, valet de chambre de M. d’ARGENSON, demeurant à Paris, rue des Bons-Enfants. Les Nobles Dames, prieur perpétuelle et religieuses du Monastère Royal de Saint-Louis de Poissy. L’œuvre et Fabrique de Saint-Clair d’Herbeville possédait 4 arpents de terre (un arpent = 51a 07 ca). Abraham GILLIERON, Suisse de nation, demeurant à CRESPIERES. Messire Louis DEBEAUCHDame Angélique DUHAMEL DE DENAINVILLIERS, veuve de Pierre Jacques FOYGEROUX, écuyer et conseiller du Roy, maison, couronne de France. Trésorier général et payeur des rentes de l’Hostel de Ville de Paris y demeurant quai d’Anjou, isle Notre-Dame. Dame Clotilde Elisabeth SOURIS, épouse du sieur MECRE, lieutenant du régiment de Conty Cavalerie, et avant lui veuve de Laurent Antoione d’HARLINGUE, procureur du Roy au Baillage de Meulan. Sieur Louis Nicolas LE FRANCOIS, huissier en l’élection de Mantes/Seine. Charles BARON, domestique chez M. le Marquis de RETZ, à Paris. Sieur Edmond LABORNE, officier de la Chambre du Roy, demeurant à Saint-Nom-la-Bretèche. Messire Daniel d’HIFFERNAN, curé de CRESPIERES. Ses prédécesseurs avaient été : RYHOUE DES NOYERS, Toussaint FILLEUL, Dominique BOULARD, Pierre RENOUX, JOUTEL le 26 janvier 1476. L’école de CRESPIERES possédait trois arpents de terre, donnés par Dominique BOULARD le 10 juillet 1598. Claude TRISTAN, écuyer, Seigneur de SAINT-JUST, Seigneur de CRESSE, demeurant à Mareil-sur-Mauldre. Jean-Jacques DERNEVILLE, écuyer, Seigneur de MARMORIN, à cause de Dame PECQUET DE CHAMINY, son épouse (vieille famille de CRESPIERES au 15è siècle). Sieur Jacques CONTAULT, grand Valet de Pieds de la Reine, habitant l’Hostel de la MOTTE à CRESPIERES. Jacques IMBAULT, Directeur des Fermes du Roy en la province du BERRY, en la ville de Bourges. Jean-Pierre CUASSIN de l’AVAUX, concierge du Chenil du Roy à Marly. Jean-François COCHIN, procureur du Grand Conseil du Roy. Tel fut le CRESPIERES de 1750 !

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